Poète intéressée au rapport texte-image, virginie fauve est une réelle exploratrice littéraire. En effet, elle préfère avancer avec des questions plutôt que de chercher la finalité d’un projet. Cela dit, elle a plusieurs chemins à débroussailler : entre autres, la relation entre image et mots, et s’il est nécessaire d’être historienne pour écrire sur l’art. Voilà une partie de ce qu’elle cherche à résoudre durant sa résidence à Est-Nord-Est.
Arrivée directement d’une résidence d’écriture offerte par la Rencontre internationale d’art performance de Québec (RIAP), virginie fauve passe l’automne à Saint-Jean-Port-Joli à écrire des micro-essais qui mêlent l’histoire de l’art, le rapport aux images et la création littéraire. Son expérience à la RIAP encore toute fraîche, où elle souhaitait réagir aux œuvres performatives de manière poétique avec émotions, l’amène à s’interroger sur la place de la sensibilité sur l’écriture artistique. Une enfilade de questions en déboule : est-ce qu’on peut écrire sur l’art avec la sensibilité comme point de départ ? Comment déconstruire la performance d’écrire ? Qu’est-ce qu’écrire ? Écrire un livre, un texte, une phrase ? Elle approche l’écriture automatique, essaie différentes méthodes de travail, tente de déconstruire les structures qu’elle se donne pour écrire. Tranquillement, elle accepte d’avoir plusieurs idées en même temps, de travailler sur plusieurs textes et projets à la fois. virginie fauve profite de la grande fenêtre de son atelier pour y écrire des mots-clés, des listes et y décliner des diagrammes. Cet exercice lui donne envie d’expérimenter la physicalité de l’écriture : au lieu d’être attachée à son ordinateur tout au long du processus, elle souhaite maintenant ajouter une étape de rédaction qui se fait en mouvement.
Dans sa démarche de poète sensible aux images, virginie fauve observe que les réactions aux œuvres d’art et aux expositions sont émotives plutôt que rationnelles. En résidence, elle cherche à équilibrer l’analyse et le « je », qui, par souci d’objectivité, doit être exclu d’une écriture artistique critique. Comme l’écrit Kate Zambreno dans Heroines, qui accompagne virginie fauve à Est-Nord-Est, mettre le « je » en dehors des essais est une forme de répression. Exclure ce « je » des essais, c’est comme obéir à une consigne de silence, prétendre à une objectivité là où il n’y a rien d’objectif dans l’expérience de la confrontation, de l’engagement et de l’émerveillement devant la littérature. Par ses écrits, virginie fauve ne souhaite pas incarner la professeure d’histoire de l’art envers son lectorat, mais plutôt le faire jouer avec l’art, l’inviter à profiter de ses propres intuitions.
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