Issue du cycle Icarus amorcé en 2009 par l’artiste Mathieu Beauséjour, l’installation Icarus (La Récolte) reprend le mythe d’Icare pour aborder le thème de la fascination du Soleil. Beauséjour y dresse une allégorie de l’avidité et du dépassement de la raison. L’œuvre rappelle sa préoccupation pour la question du temps et de son passage, renouvelée par le biais d’une appropriation de symboles, de mythes et de contenus historiques allant de l’Acéphale — personnage sans tête popularisé par la revue du même nom dirigée par l’écrivain français Georges Bataille dans les années 1930 — à la rayure — motif essentiellement trompeur puisque chaque bande peut appartenir à la fois au plan reculé ou au plan avancé. L’œuvre rassemble diverses composantes comme un meuble en bois blanc et noir sur lequel repose un tourne-disque et un disque en vinyle 33 tours laissant entendre le son produit par le Soleil, tel qu’enregistré par la NASA. Une monumentale impression numérique à jet d’encre sur bannière de polypropylène montre l’astre solaire qui apparaît à la place de la tête décapitée d’un faucheur, dont l’image provient d’un billet de banque yougoslave. Ici, la représentation dialectique du travail des forces économiques, libidinales et symboliques emploie l’icône du Soleil afin de faire surgir la figure du nihilisme et son potentiel destructeur. L’œuvre transpose ainsi, dans le contexte contemporain, des notions de pouvoir, de dépense et de perte qui ont traversé les âges.
Disponible en format papier seulement.