Fanny Basque

2024
Éditeur : Est-Nord-Est, résidence d'artistes
Lieu : Saint-Jean-Port-Joli
Année : 2024
Langue : Français / Anglais
Auteur·e : eunice bélidor

Artiste et auteur·e

Fanny Basque

La pratique artistique de Fanny Basque puise dans ce qui est caché au plus profond de nous-même : les rêves et les secrets sont source de création artistique pour l’artiste originaire de la péninsule acadienne. La photographie et la vidéo permettent à Basque des explorations poétiques et politiques qui ancrent une recherche intimiste documentaire. Dans le cadre de sa résidence à Est-Nord-Est, elle a l’idée d’explorer la diversité capacitaire, plus particulièrement la culture mad (folie) et la neurodivergence dans la création. Durant ces deux mois, Basque souhaitait rencontrer la communauté de Saint-Jean-Port-Joli et interroger la présence d’une culture mad dans la région. Des rencontres et enregistrements d’entrevues auraient pu constituer la base d’une création artistique.

Finalement, le temps passé dans son studio l’a autorisée à recentrer sa recherche sur elle-même : l’environnement de la résidence est en effet propice à une appropriation, ou plutôt une revendication de la folie comme marqueur identitaire. Offrant la possibilité d’être à la fois seule et en communauté avec les autres résident·es, l’atelier à Est-Nord-Est a été un vrai espace de vie, où elle s’est permis d’aller mal, d’accepter la difficulté d’expliquer son travail et de développer des méthodes plus proches de ses besoins. Des photographies argentiques prises lors de ses déambulations aux alentours, des livres ouverts sur ses lectures, ainsi qu’une carte heuristique liant les mots « amitiés », « deuil » et d’autres évoquant son envie d’être connectée ont composé le portrait d’une artiste s’ancrant de plus en plus dans sa diversité capacitaire. Elle a finalement accepté le temps et la place que sa folie prend dans son processus de création.

Autre que les différentes photographies qu’elle a accumulées, une part importante de la recherche de Basque a été l’écriture automatique consignée dans un journal. Cette pratique a permis non seulement au public, mais aussi à l’artiste elle-même d’entrevoir ce qui s’est passé durant la résidence. Tant le quotidien qui s’y vivait que les différents affects qui ont émergé ont formé le langage avec lequel elle poursuit sa pratique artistique. Cela dit, elle prend conscience que la folie n’est pas un langage plastique : est-ce que cette revendication créative transparaît maintenant dans son travail ?

Bien que son séjour à Est-Nord-Est ait été une tentative de démêler toutes ces idées, ce qui ressort du travail de Fanny Basque est un questionnement sur l’impulsion, le glanage, l’automatisme et l’intuition comme véhicules d’une création mad qui tend vers le soin. Elle souhaite que la manière d’exposer les pratiques artistiques soit plus ancrée dans le soin : le soin des divergences, des gens, de leurs capacités et de leur art. L’artiste admet éprouver de la difficulté à distinguer son art de sa vie personnelle : le soin permet à la folie d’être définie, au-delà du problème de santé mentale, comme une connexion entre une vie assumée et un art accompli.