Dominique Sirois

Dominique Sirois a fait de la transformation la pierre angulaire de sa pratique artistique. Depuis une décennie, outre la sculpture, elle se consacre principalement à la céramique, qui incorpore elle-même différents processus de transformation de la matière, allant du façonnage à la cuisson, en passant par le séchage et l’émaillage. Pour cette dernière étape, l’artiste a appris à confectionner ses propres glaçures à partir de minéraux, conférant à ses œuvres un fini mat et irisé. Elle explore aussi des coloris produits avec des plantes teinturières et des métaux pour la création d’éléments scénographiques.

La fascination de Sirois pour la transformation dépasse largement la matérialité de ses œuvres ; elle est enracinée dans des expériences humaines convoquant notamment la spiritualité. Par le passé, l’artiste a puisé dans des récits mythologiques et représentations mystiques qui trouvent leur suite dans un intérêt pour l’alchimie. Ces éléments historiques sont mis en relation avec des références contemporaines issues de l’économie capitaliste.

À Est-Nord-Est, Sirois a poursuivi son exploration de la transformation en adoptant une perspective centrée sur la transition et le mouvement. Tout processus de devenir et de changement implique inévitablement une transition, le passage d’un état à un autre. C’est ainsi que Sirois en est venue à imaginer des formes pouvant servir de vaisseau, de support, voire de catalyseur à une métamorphose. Elle a façonné en argile divers dispositifs de circulation, incluant des conduits de ventilation et des grilles d’aération. Parfois, ces objets sont amalgamés à des formes humaines, rappelant ainsi que le corps est lui-même un système complexe de conduits assurant le bon fonctionnement de notre organisme.

Pour une de ses pièces, Sirois a créé une reproduction à grande échelle, toujours dans l’argile, d’une vertèbre thoracique à laquelle elle a greffé un tuyau en cuivre en tant que colonne vertébrale. Le choix de ce matériau à forte conductivité électrique et thermique met en lumière le travail de synergie entre la colonne vertébrale et la moelle épinière permettant d’offrir une structure de soutien et la transmission des influx nerveux entre le cerveau et le corps.