Cynthia G. Renard éprouve une grande empathie envers les animaux, particulièrement ceux qui sont en danger d’extinction. À Est-Nord-Est, elle a construit un imposant cachalot de papier, en préparation pour une exposition au Musée régional de Rimouski. Il fait partie d’un projet au long cours, entamé dans les années 2000, qui a comporté des expositions à la Galerie d’art Stewart Hall (Pointe-Claire) et à la Fonderie Darling (Montréal) ainsi qu’une résidence au Centre Sagamie, à Alma.
L’ambition de l’artiste est de créer un imaginaire collectif autour des cétacés qui sont nombreux dans le Saint-Laurent, mais cachés sous l’onde. Le cachalot, espèce déclarée vulnérable par l’Union internationale pour la conservation de la nature, fait des incursions régulières dans le fleuve. L’un d’entre eux a fait l’objet de l’intérêt de l’artiste. Baptisé Tryphon par l’équipe du Groupe de recherche et d’éducation sur les mammifères marins, il est revenu de 1991 à 2009, année où il s’est échoué à l’île Saint-Barnabé, tout près de Rimouski, après s’être empêtré dans des câbles de casiers à crabes. Cynthia G. Renard a voulu lui rendre hommage en recréant le cétacé en trois dimensions, avec des détails précis (la découpe de la queue, par exemple), tout en lui adjoignant un aspect poétique, soit la projection de pensées imaginaires de Tryphon liées à l’univers aquatique.
Les recherches approfondies de l’artiste sur le cachalot ont porté tant sur son évolution dans le fleuve que sur les caractéristiques de l’espèce. Au-delà des cétacés, Cynthia s’intéresse aux chauves-souris, qui suscitent moins de fascination, parfois même une forme de répulsion. Pourtant, leur survie est essentielle en tant qu’espèce régulatrice, étant donné leur grande consommation d’insectes.
Le travail plastique se double dans cette pratique d’une réflexion sur la nature et l’impact des activités humaines sur cette dernière. L’exposition au Musée régional de Rimouski, qui réunira des œuvres et des artefacts liés au cétacé, tiendra à la fois de l’artistique et du documentaire. L’art rejoint ici la société et les préoccupations environnementales pour éveiller les consciences à la fragilité et à la complexité du monde naturel.