Markus Guschelbauer

2021
Éditeur : Est-Nord-Est, résidence d'artistes
Année : 2021
Pages : n.p.
Langue : Français / Anglais
Auteur·e : Jade Boivin

Artiste et auteur·e

Markus Guschelbauer
Quand Markus Guschelbauer arrive à un endroit, il en cherche les spécificités. Pendant son séjour, l’artiste souhaite saisir les trames ou les formes qui cadrent notre regard sur la nature et sur les lieux qui l’accueillent. En recherche constante d’une place n’ayant jamais été touchée par l’humain, Guschelbauer se trouve plutôt face à l’échec de cette quête et identifie de manière intuitive des éléments sur le territoire propres à chaque endroit, autour desquels il va travailler ses motifs. Le studio d’Est-Nord-Est au plancher de béton et aux grandes baies vitrées est, par un heureux hasard, assez emblématique de la relation que Guschelbauer nourrit avec la nature. C’est-à-dire un état d’être à la fois dedans et en retrait. Selon lui, on ne peut ignorer ce qui démarque la nature de la culture. Sa résidence de création s’est ainsi articulée autour d’interventions faites dans le paysage. Un ballon de basketball blanc en deux dimensions et le mot « fermé », tous deux construits en bois, ainsi que l’inscription à la craie « Sehnsucht » sur une affiche de motel abandonné, sont les principales œuvres créées pendant son temps passé à Est-Nord-Est. Pour l’artiste autrichien, le paysage est un transmetteur : on y trouve des signes à l’origine même de la communication, et l’art est un moyen d’étendre ce langage par des gestes qui l’engagent dans une physicalité. C’est pourquoi il travaille ses objets comme des signes ou des images, mais au moyen de matériaux qu’il insère lui-même dans le paysage. Pas question de truquer ses photos pour y ajouter son ballon blanc, par exemple ; il préfère les créer par observation, imitation et reproduction, puis changer ses objets de contexte et les photographier encore, pour aboutir à une accumulation d’images, ou un time-lapse. La photographie brouille certains repères ; dans l’image, on perd la planéité de l’objet en bois. Les interventions in situ créent ainsi un langage à partir de la nature, mais sans toutefois prétendre à une quelconque vérité. Et pendant qu’elles restent là, leur présence dans le paysage naturel et bâti de Saint-Jean-Port-Joli peut paraître absurde au regard du passant. L’art, insiste Guschelbauer, n’a pas à être expliqué outre mesure. « Sehnsucht » sera tranquillement effacé par la pluie, et celles et ceux qui auront voulu en apprendre le sens trouveront « Je me languis », clin d’œil à l’affiche décrépie du motel abandonné au bord de la route 132.