Dans sa pratique artistique, Karine Locatelli démystifie la notion de la nordicité du Québec, essentiellement associée à la blancheur de la neige, en exposant une réalité plus complexe et colorée de la flore locale. Une approche influencée, en partie, par les théories du géographe et linguiste Louis-Edmond Hamelin.
Locatelli utilise principalement comme médium l’encre de Chine qu’elle applique à la plume dans des carnets de recherche qui l’accompagnent lors de ses déplacements l’été, à voile et à vélo — ou lors d’excursions de chasse, de pêche et de cueillette — et sur des toiles de grand format lorsque l’hiver s’installe. C’est alors qu’elle interprète en dessin ses explorations du territoire. Un souvenir estival que l’artiste a apporté à Est-Nord-Est est celui de ses promenades en voilier sur le fleuve. Fascinée par le mouvement constant de l’eau, elle dépasse l’étude de la botanique et reproduit l’écume derrière le bateau. Par de multiples coups de plume sur une toile, elle donne forme à une masse abstraite de traits qui évoque le caractère insaisissable du remous. Elle intitule l’œuvre Je consens à traduire l’idée de la mer, une phrase tirée du mémoire de maîtrise de l’artiste Pierre Bourgault, lu au cours de sa résidence. Dans le studio adjacent au sien, elle intègre cette toile à une installation, la faisant dialoguer avec deux sculptures composées de photographies argentiques imprimées sur du lin — présentant entre autres un sol coloré de lichen — et déposées sur des piles de roches.
Outre le dessin et la photographie, l’artiste expérimente, durant sa résidence, la représentation du territoire par le biais de la céramique, de la broderie et de la gravure sur contreplaqué russe. Cette diversité de médiums qu’elle amalgame à des objets récupérés directement dans la nature lui permet de réaliser des mises en scène d’environnements inédits, empreints d’une grande liberté poétique. Par cette approche, l’artiste des Éboulements actualise la tradition de la peinture paysagère de sa région en partageant son expérience sensible et méditative des milieux naturels, vécue autant en position d’immersion que d’observation.
Le travail de Karine Locatelli concerne principalement la représentation paysagiste en dessin inspirée de la nordicité du Québec. La pêche, la randonnée, la cueillette et la voile sont pour l’artiste des façons d’entretenir un rapport sensible avec la nature pour ensuite parvenir à la représenter. Elle partage son temps entre les voyages et des projets de création et de médiation culturelle valorisant la création hors des grands centres urbains. Ses œuvres se retrouvent dans des collections publiques et privées, dont celle du Musée d’art contemporain de Baie-Saint-Paul, de la Fondation David Suzuki, de la Ville de Lévis et de la Banque TD de Toronto.
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