Expérimentation menée en résidence par Dominique Pétrin sur la rive du Saint-Laurent
Dominique Pétrin, Expérimentation en nature, 2019. Photo: ENE / Jean-Sébastien Veilleux photographe

Dominique Pétrin

Artiste / Été 2019

Texte-témoin

Maître sérigraphe, Dominique Pétrin déploie sa pratique dans un savant jeu de manipulation et de collage de papiers imprimés à la main. Motifs vibrants et pictogrammes inspirés de la culture populaire se côtoient dans des installations immersives, parfois monumentales, emblématiques du parcours de l’artiste depuis plusieurs années. La particularité de ses interventions in situ se trouve dans sa manière de déjouer nos perceptions en créant des effets qui influent sur nos processus cognitifs. Elle nous force à nous interroger sur la nature de ce que l’on voit, mais aussi sur la manière dont nous le comprenons et l’interprétons.

La résidence à Est-Nord-Est est sans contredit devenue pour l’artiste un espace de ressourcement qui lui permet de recentrer sa recherche sur ses préoccupations du moment. Elle s’est plongée dans un corpus qui délaisse les références figuratives et se concentre sur le potentiel du motif et de la couleur pour parler de contemplation, de rituel. Alors que l’ornementation est historiquement étroitement liée aux lieux de culte, Dominique Pétrin explore la notion de sacré de façon singulière, à travers le prisme de l’individualité ; s’éloignant des conceptions figées ou dogmatiques du religieux, elle s’intéresse aux façons dont nous pouvons ériger nos propres temples.

Si cette recherche semble vaste et intangible, les œuvres autoportantes réalisées lors de la résidence nous permettent d’en saisir l’essence. Il s’agit de collages montés sur de faux-cadres installés sur des structures de métal portatives, donc déplaçables. Ce dispositif a permis à l’artiste de placer ses œuvres en interaction avec le paysage littoral, de les soumettre à la lumière et aux reflets changeants au gré des moments de la journée. Placée devant l’horizon, chaque œuvre donne l’impression d’une vue macroscopique d’un fragment de la nature visible sous sa forme la plus élémentaire, exposant le découpage géométrique de sa structure même. En reliant la dimension de l’infiniment rapproché et circonscrit à celle de l’étendu lointain, Dominique Pétrin nous parle de l’équilibre nécessaire à une perception entière du monde.

Biographie

Dominique Pétrin est une artiste visuelle qui vit et travaille à Montréal. Son travail prend la forme d’installation immersives faites de papier sérigraphié à la main, découpé et collé à la surface des murs et du plancher, dont l’architecture rappelle la configuration d’un espace virtuel. Elle a été membre du groupe de rock pétrochimique Les Georges Leningrad de 2000 à 2007 et a collaboré avec des artistes de renom tels que Sophie Calle, Pil and Galia Kollectiv (Londres), et plus récemment avec l’artiste Banksy pour le Walled Off Hotel en Palestine. Elle a été nominée pour le prix Louis Comtois en 2017 et finaliste pour le prix Sobey en 2014. Elle a exposé au Musée National des Beaux-Arts de Québec, a participé à Triennale québécoise au MAC en 2012 et à travers le Canada, en France, aux États-Unis, en Belgique et au Royaume-Uni.