Réfléchissant la disparition, l’absence, la présence spectrale et les moments de passage, Nguyen entre en relation avec ce qui résiste. À Saint-Jean-Port-Joli, son temps en atelier est dédié au façonnage d’objets céramiques chargés d’un potentiel performatif qui serviront de levier pour une action joignant le visible à l’invisible. Sur les traces du hungry ghost, une créature mythique qui apparaît dans le cycle des réincarnations bouddhistes et qui symbolise l’impossibilité d’atteindre la satiété, une performance se dessine. La fragile matérialité des objets fabriqués fait écho à leur fatalité, soulignant le risque inhérent aux manipulations de la matière et celui dans lequel l’artiste se place elle-même. En parallèle, Nguyen lance un appel à la communauté artistique avoisinante pour former, ensemble, un « tas invisible » au bord du fleuve. Y sont également invité·es celleux qui n’ont aucun bagage en art performance, dans l’esprit inclusif à la base de ces « tas » construits en dehors des limites des disciplines artistiques et qui prennent forment un peu partout dans le monde. Le moment performatif collectif appelle à une errance partagée, aux actions furtives menées au grand jour et au nouage de liens insoupçonnés.
L’exploration en synchronicité de ces deux avenues s’inscrit dans une performance continuelle pour laquelle Nguyen place son corps en tension entre figure artistique et politique. C’est dans les zones floues entre le réel et le performé, entre l’art et l’action, que prennent forme ses interventions ; remettant en question les normes sociales, culturelles et esthétiques tout en ouvrant la voie au conflit et au chaos, pour se défaire des manières conventionnelles d’être et d’agir dans l’espace public.
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