Ella Dawn McGeough formule ses travaux autour des idées d’existence et d’existentialité, d’ontologie et d’abstraction, de mort et de vie. Partie inhérente de sa pratique, la recherche agit à la fois comme moteur de ses expérimentations et comme fondement de son regard sur le monde. Un doctorat, dans les derniers retranchements de ses révisions au moment de la résidence, façonne d’ailleurs les jours passés à Saint-Jean-Port-Joli, orientant les articulations matérielles et conceptuelles qui sont en travail dans son atelier. L’artiste y interroge les polarités que contiennent les idées d’intimité et d’extimité, et imagine des déplacements entre ce qui vit en nous et hors de nous comme de multiples tentatives de faire cohabiter les deux. La question de la communauté prend ainsi corps dans sa démarche, une thématique qui donne lieu à de nouvelles postures esthétiques, narratives et expérientielles.
À Est-Nord-Est, McGeough est porté·e par tous ces éléments qui habitent les espaces limitrophes du bâtiment – des branchailles, des insectes, des fragments de vie et de non-vie – et embrasse leur forme autant que les récits qu’ils abritent pour modeler des figures neuves à la croisée d’un patrimoine imaginaire nymphal et féérique. Ces structures, nommées « changelings », s’accumulent sur de longues tables disposées dans le lieu d’émulsion de l’artiste, aux côtés de chaudières rapaillant des matières naturelles en attente d’être agencées à l’aide de cire fondue. Comme une manière de s’engager avec le non-humain, l’artiste ouvre des portes en mettant en conversation ces sculptures qui subissent, en raison de leur frêle assemblage, l’impact du temps sur eux. Les changements d’états intéressent McGeough pour leurs implications politiques, symboliques et sémantiques. Ils témoignent de l’importance des modulations du terroir dans ses recherches et rendent tangible, du même coup, la place que nous choisissons de prendre en son sein.
Une fois constituées, ces métamorphes semblent revenir à eux, se saisir d’une histoire qui leur appartient. Des récits mythologiques, notamment, se situent à l’orée de la pratique de McGeough et inspirent une réflexion sur les reflets et les apparences, les résistances et les résiliences, les figements et les ondulations. Ils constituent pour l’artiste des points focaux desquels naissent une impulsion narrative et un intérêt pour la forme complexe des histoires qui nous accompagnent. Dans cet esprit, ses considérations pour le vivant l’amènent, par une diversité d’approches, à tenter de le rendre visible et de lui donner une part d’agentivité dans la manière dont il se présente et se raconte, tandis que son intérêt pour le non-vivant exerce sur les mondes qu’iel crée des fusions imaginaires multiples, comme des flux et reflux entre ce qui existe et ce qui n’existe pas encore.
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