Un premier chapitre l’a guidée vers ses origines iraniennes, sur les traces de son grand-père paternel qui a vécu avec un cancer pendant une vingtaine d’années. Ne pouvant se rendre en Iran en raison de la situation géopolitique du pays, l’artiste a voyagé en Turquie pour se rapprocher des paysages qui ont vu grandir son grand-père. Le corpus d’images qui en découle est imprégné de cette distance latente, indicible, qui la sépare de ses racines. À Saint-Jean-Port-Joli, elle entame un deuxième chapitre dédié à son grand-père maternel italien atteint de la sclérose en plaques pendant plusieurs décennies. Ses explorations prennent appui sur des photographies d’archives, un téléviseur cathodique et un radiocassette. Aujourd’hui désuets, ces appareils constituent des dispositifs nostalgiques servant à recréer l’espace où habitait son grand-père à la fin de sa vie. Des montages sonores et vidéos révèlent ce qu’il aimait : des chansons de Jean-Pierre Ferland et des épisodes de Looney Tunes, entrecoupés de bandes plus personnelles, comme celle d’une conversation téléphonique entre l’artiste et sa mère, ou celle où sa tante et elles fument la pipe qui lui appartenait.
Une nouvelle série d’images contemplatives, inspirées des impacts de la maladie, met en scène les artistes en résidence qui se prêtent au jeu : allongées au bord du fleuve, comme si elles dormaient sur les rochers, le long de la grève. La charge émotive qui en émane relève d’une approche sensible aux paysages et aux images, qu’elle assemble avec soin pour tisser des récits significatifs à partir de moments figés dans le temps, presque oubliés.
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