Originaire de Québec, Marie-Claude Gendron a articulé son projet de résidence autour du concept de l’archive par l’entremise de l’installation et de sa mise en espace. Son travail s’est concentré sur les vestiges de la résidence d’Est-Nord-Est, détruite à l’été 2018. Dans une petite maison de l’avenue de Gaspé, parmi les échoppes d’artisans et les boutiques de sculpture, Marie-Claude a aménagé le Centre d’archives [éphémère] de l’archive, où règne le principe d’égalité. Même si l’artiste a exercé une certaine autorité en choisissant des artéfacts, aucun n’a plus de valeur que l’autre. Ils ont été sélectionnés parce qu’ils ont été abandonnés, témoins marginaux d’une époque, et signalent une volonté de tout préserver, de donner une seconde vie à des fragments d’œuvres d’artistes qui sont auparavant passés par Est-Nord-Est.
Parmi ces archives, des installations de matériaux construits représentent la nature ; par exemple, dans l’évier, du verre brisé imite l’eau. Sur le plancher, un tapis de foin ; sur les murs, des objets disparates regroupés selon leur forme ou ce qu’ils symbolisent. Dans un coin, une pile de livres destinés au rebut sont minutieusement emballés. Dans le chaos organisé de la mise en espace, les objets sont détournés de leur fonction première, comme ce compost converti en étal de légumes à vendre ou encore ce coin balcon où un parapluie de photographe fait de l’ombre. De ce travail émane une volonté de ne rien laisser partir combinée à celle d’honorer tous les éléments de cette mémoire, telles ces vieilles manches de sarrau épinglées au mur, empreintes de la saleté des ateliers de bois et de métal d’Est-Nord-Est.
Un autre des projets de Marie-Claude portait comme titre Le Chamarrage : un rouleau de tapisserie fleurie déniché dans un recoin d’Est-Nord-Est est déroulé sur le chemin du Moulin, en trois temps et dans des conditions climatiques différentes qui influent sur la performance. L’artiste intervient ainsi dans le milieu, semant de manière posée et déterminée des fleurs improbables dans le paysage. Événement éphémère et spontané, la trace laissée par cette tapisserie de fleurs nous transporte dans une autre temporalité où la nature reprend rapidement ses droits, l’œuvre étant bousculée par le vent, amollie par l’humidité. De son côté, la vidéo, elle, demeure, comme une archive supplémentaire qui s’inscrit avec les autres artéfacts dans l’idée de la collecte et de l’archive.
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