Originaire du Wisconsin, mais désormais établie à Montréal, la vidéaste Kim Kielhofner avait comme point de départ pour sa résidence de travailler sur le lieu en explorant les archives photographiques de la Ville de Saint-Jean-Port-Joli pour ensuite partir sur la trace des rues, immeubles, coins de nature y figurant. En suivant ce fil conducteur, elle s’est employée à la réalisation de petits albums d’images historiques glanées çà et là et organisées par couleurs, par thèmes. Puisque le cinéma et la vidéo constituent sa pratique principale, cette quête a rapidement pris la forme d’un court-métrage où des enjeux identitaires se sont habilement glissés. La trame, le présent de Kim dans le décor de Saint-Jean-Port-Joli, entrecoupée de photos historiques dont elle cherche à percer le mystère, créent une atmosphère hors du temps rejoignant le questionnement de l’artiste au sujet de ce qui caractérise un espace, une esthétique atemporelle. Comment se situer dans quelque chose qui change tout le temps et dont on ne connaît pas les limites ? The Farthest Point on the Compass, titre de l’opus, c’est finalement en elle qu’il se trouve. Ainsi, paradoxalement, le point le plus éloigné du compas se situe en son centre.
Mené comme un suspense, la protagoniste principale (Kim) incarnant différents personnages – espionne, philosophe, pin-up des années 60 –, le film rappelle l’esthétique de la Nouvelle Vague. La lumière est naturelle et les photos d’archives amplifient l’effet suranné de la mise en scène. Des contenants remplis de liquides aux couleurs variées et vives illuminent l’image, indices d’une autre recherche menée lors de la résidence. Autour de la création du film s’est en effet accompli tout un travail de dessin, doublé de la volonté de confronter ou d’agencer diverses couleurs et divers motifs. Les triangles et les croix sont récurrents. Pourquoi les croix ? « Pour la guérison », explique l’artiste.
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