Dominique Pétrin

2019
Éditeur : Est-Nord-Est, résidence d'artistes
Année : 2019
Pages : n.p.
Langue : Français / Anglais
Auteur·e : Emmanuelle Choquette

Artiste et auteur·e

Dominique Pétrin

Maître sérigraphe, Dominique Pétrin déploie sa pratique dans un savant jeu de manipulation et de collage de papiers imprimés à la main. Motifs vibrants et pictogrammes inspirés de la culture populaire se côtoient dans des installations immersives, parfois monumentales, emblématiques du parcours de l’artiste depuis plusieurs années. La particularité de ses interventions in situ se trouve dans sa manière de déjouer nos perceptions en créant des effets qui influent sur nos processus cognitifs. Elle nous force à nous interroger sur la nature de ce que l’on voit, mais aussi sur la manière dont nous le comprenons et l’interprétons.

La résidence à Est-Nord-Est est sans contredit devenue pour l’artiste un espace de ressourcement qui lui permet de recentrer sa recherche sur ses préoccupations du moment. Elle s’est plongée dans un corpus qui délaisse les références figuratives et se concentre sur le potentiel du motif et de la couleur pour parler de contemplation, de rituel. Alors que l’ornementation est historiquement étroitement liée aux lieux de culte, Dominique Pétrin explore la notion de sacré de façon singulière, à travers le prisme de l’individualité ; s’éloignant des conceptions figées ou dogmatiques du religieux, elle s’intéresse aux façons dont nous pouvons ériger nos propres temples.

Si cette recherche semble vaste et intangible, les œuvres autoportantes réalisées lors de la résidence nous permettent d’en saisir l’essence. Il s’agit de collages montés sur de faux-cadres installés sur des structures de métal portatives, donc déplaçables. Ce dispositif a permis à l’artiste de placer ses œuvres en interaction avec le paysage littoral, de les soumettre à la lumière et aux reflets changeants au gré des moments de la journée. Placée devant l’horizon, chaque œuvre donne l’impression d’une vue macroscopique d’un fragment de la nature visible sous sa forme la plus élémentaire, exposant le découpage géométrique de sa structure même. En reliant la dimension de l’infiniment rapproché et circonscrit à celle de l’étendu lointain, Dominique Pétrin nous parle de l’équilibre nécessaire à une perception entière du monde.