Camille Richard s’intéresse aux pratiques artistiques conceptuelles et contextuelles qui agissent dans l’institution muséale tout en réfléchissant au système qui la régit. Dans ses recherches, elle se penche en particulier sur les cas de Michael Asher, Thomas Hirschhorn et Kapwani Kiwanga. Ces trois artistes adoptent une pratique commissariale qu’elle qualifie d’intrusive puisqu’ils utilisent l’institution muséale et ses composantes comme médium. Ainsi, ils créent des contextes actifs qui leur permettent de se repositionner face aux concepts traditionnels qui définissent les espaces dédiés aux expositions. Elle aborde leurs pratiques avec une approche historique qui tente de cerner le chemin parcouru par cette dynamique entre artiste et institution en employant trois axes : le déploiement, la démocratisation et la décolonisation des espaces, mais aussi des formes, de l’exposition. Son hypothèse veut que, en activant ces approches, les artistes participent à une réflexion qui ne nourrit pas que leur rapport à l’institution et à l’histoire de l’art, mais également celui de l’institution à son propre fonctionnement et à ses méthodes bien ancrées. Ainsi, l’aspect critique au premier regard subversif des projets que Richard étudie participerait au système de l’art plus qu’il ne s’y opposerait.
L’approche qui lui permet d’analyser les systèmes institutionnels et leur critique, mais aussi d’aborder des pratiques qui redéfinissent la notion même d’exposition, se situe dans le champ des curatorial studies. En abordant sous cet angle les pratiques sur lesquelles elle se penche, elle souhaite démontrer comment, grâce à un processus de recherche qui n’a pas pour but de fixer les savoirs mais qui se veut plutôt un exercice permettant de remettre en perspective nos connaissances, l’exposition peut être autre chose qu’une finalité et prendre plutôt part à un processus réflexif.
Par le travail mené dans le cadre de sa résidence, Richard tente de faire émerger les réseaux souterrains du monde de l’art, c’est-à-dire de définir puis d’analyser ce qui caractérise une exposition et l’agentivité de chaque acteur qui y participe, afin de repositionner les rapports de force qui y agissent et y perdurent.
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