Raúl Aguilar Canela

Dans son récent travail, Raúl Aguilar Canela examine les effets et les conséquences du capitalisme tardif qui malmène nos corps et nos esprits, les exploitant constamment à son profit. En subvertissant des iconographies populaires et des tropes narratifs, sa pratique oscille souvent entre l’abstraction et la figuration, elle mobilise diverses techniques empruntées tant aux beaux-arts et à l’illustration qu’à la production des matières premières. En parallèle aux croquis abstraits faits au crayon qu’il a réalisé en guise d’exercice tout au long de sa résidence, Aguilar Canela s’est concentré à produire une série d’œuvres imprimées sur t-shirts grâce au transfert thermique. Ceux-ci lui ont offert un nouvel espace d’interventions picturales qui ont consisté à interférer directement avec l’œuvre, à ajouter des couches d’imageries ou à modifier le textile du t-shirt avec des petites déchirures et découpures diverses. Ces œuvres ont toutes un protagoniste commun : un grand personnage aux cheveux longs, légèrement androgyne, que l’on voit tour à tour communier avec les éléments naturels, se promener et observer ou déprimer dans une pièce sombre. Bien qu’Aguilar Canela se soit principalement intéressé à la présentation d’œuvres en deux dimensions, qu’il s’agisse de dessins ou de peintures, la résidence à Est-Nord-Est lui a aussi offert l’occasion d’imaginer une stratégie de présentation différente pour ce nouveau corpus. Avec l’aide de Richard Noury, technicien d’Est-Nord-Est, Aguilar Canela a exploré la menuiserie avec la production d’une série de supports pointus légèrement anthropomorphiques sur lesquels seront présentées certaines de ses œuvres sur t-shirt. Bien que les supports soient assez intrigants au niveau formel pour être présentés seuls, sa tendance à vouloir les recouvrir met en évidence la tension entre ce qui contient et ce qui est contenu. Évoquant un corps fragile dissimulé par un morceau de vêtement, présent mais jamais révélé, ces supports sculpturaux soulignent également le travail souvent invisible nécessaire à la production de l’art.