Louis Bouvier

2025
Éditeur : Est-Nord-Est, résidence d'artistes
Lieu : Saint-Jean-Port-Joli
Année : 2025
Langue : Français / Anglais
Auteur·e : Didier Morelli

Artiste et auteur·e

Louis Bouvier

Louis Bouvier est venu en résidence afin de terminer des pièces, mais il en a finalement construit de nouvelles. Cela a nécessité un apprentissage de la soudure, une compétence qu’il a ajouté à l’incroyable arsenal interdisciplinaire qu’il maîtrise pour créer ses univers sculpturaux fascinants. En entrant dans son atelier à Est-Nord-Est, on a l’impression de pénétrer dans l’espace de travail d’un concepteur de décor de cinéma en plein tournage. Des gargouilles de tailles diverses, réalisées grâce à différentes méthodes avec des matériaux variés, nous fixent du regard. Bouvier teste des choses et les possibilités semblent infinies.

Lors d’une résidence à Lyon il y a un an, l’artiste a commencé à s’intéresser à ce qu’il nomme « l’ornementation grotesque », une extension du décor architectural associé aux bâtiments médiévaux européens. Lors de son retour en Amérique du Nord, il a constaté que l’on identifie souvent certains types d’ornementation au kitsch. À Montréal, quelques édifices possèdent ce genre de fioritures. Durant ce temps passé à Est-Nord-Est, l’objectif de Bouvier était d’imaginer et de créer des mascarons grotesques de diverses tailles qui deviendraient les protecteurs des bâtiments auxquels ils sont associés. Pendant sa résidence, son approche, qui consiste à travailler le multiple – entre autres avec le moulage, la sculpture sur bois et l’impression 3D – n’est pas précieuse, mais axée sur le processus, puisqu’il cherche à produire autant de pièces que possible afin de réduire les options et de les utiliser dans de futurs projets.

Avec l’atelier de menuiserie et de métallurgie directement de l’autre côté du couloir, Bouvier a réussi à repousser les limites de ces projets et poursuivre son expérimentation – alors qu’à Montréal, il aurait pu choisir de terminer sa journée et de quitter l’atelier. Son espace, rempli à ras bord de gargouilles au regard insistant et de figures leur ressemblant, dégage cette intensité. On ne peut s’empêcher de se demander si, la nuit venue, quand les lumières s’éteignent, les monstres de Bouvier sortent pour jouer !