Joëlle Dubé

2025
Éditeur : Est-Nord-Est, résidence d'artistes
Lieu : Saint-Jean-Port-Joli
Année : 2025
Langue : Français / Anglais
Auteur·e : Didier Morelli

Artiste et auteur·e

Joëlle Dubé

Les murs de l’atelier de l’autrice et universitaire Joëlle Dubé ressemblent à une carte mentale; des mots, des idées et des images découpés sont reliés entre eux par une vision d’ensemble. C’est un privilège d’accéder si tôt à son processus alors que la présentation et l’article qu’elle prépare ne sont pas complétés. Partager son travail en cours peut être source de vulnérabilité. Dubé ouvre son espace dans un contexte où les autres personnes en résidence à Est-Nord-Est sont des artistes qui peuvent s’appuyer sur des objets sculpturaux en trois dimensions pour ancrer leurs propos durant leur présentation.

Au cours des deux mois de sa résidence, Dubé a entrepris la tâche de rédiger un article universitaire. Il s’agit d’un échéancier serré compte tenu de la quantité de recherche et de travail que requièrent ce type d’efforts. Dans le texte, elle se concentre sur des artistes qui travaillent avec l’allumette, un objet intéressant qui produit du feu tout en étant consumé par celui-ci, selon le cadre théorique de Dubé. Les morceaux de papier découpés au mur documentent des références de l’histoire de l’art à propos de l’allumette, mais la recherche s’articule principalement autour de Token Generosity (2024) d’Audy Murray, une artiste métisse multidisciplinaire de la Saskatchewan. En réfléchissant au refus – car les caractères syllabiques cris qui ornent la boîte rendent le texte et le sens de l’œuvre uniquement accessibles aux personnes qui peuvent lire la langue –, mais aussi à l’œuvre comme un élément à emporter – un cadeau destiné à être conservé par le public – Dubé élargit le destin manifeste de l’allumette en tant qu’objet d’autodestruction.

Le soir venu, lorsque son cerveau est épuisé de la journée d’écriture et de recherche, elle met de côté l’écran d’ordinateur, les livres et les articles pour s’amuser avec de l’argile. En créant quelque chose de ses mains, « sans objectif ni finalité », elle fait une activité qui est physique. Ce processus incarné et performatif semble être un complément à l’écriture d’un article, un équilibre nécessaire aux aspects plus cérébraux de sa pratique. Dans le contexte de cette résidence, Dubé a trouvé l’espace mental pour faire de la recherche et écrire, mais elle a également découvert le faire du travail manuel, une contrepartie réjouissante à l’isolement de sa vie de chercheuse universitaire.