Jean-Pierre Mot

2022
Éditeur : Est-Nord-Est, résidence d'artistes
Lieu : Saint-Jean-Port-Joli
Année : 2022
Langue : Français / Anglais
Auteur·e : Josianne Poirier

Artiste et auteur·e

Jean-Pierre Mot
La pratique post-studio de Jean-Pierre Mot joue de déplacements sémantiques où les pratiques culturelles, la culture visuelle et les histoires personnelles se dissolvent pour être mieux réassemblées. S’incarnant sous des formes multiples — performance, vidéo, installation, mécanisme cinétique —, elle se nourrit de la spécificité du contexte, parfois assez littéralement, puisque les projets in situ de Mot induisent souvent une transformation de son alimentation. L’image de marque et l’emballage de denrées comestibles sont effectivement des motifs et des matériaux qu’il manipule de manière obstinée. D’ailleurs, à Saint-Jean-Port-Joli, les imprimés des sacs en papier de l’épicerie locale de même que l’annonce d’un concours sur les coupons de caisse qu’il y recevait ont donné une impulsion importante aux explorations qu’il a menées. Il a aussi utilisé des boîtes de clémentines, de mangues et de bouteilles de Coca-Cola « Hecho en Mexico ».   « Vive la bouffe ». Cet énoncé trouvé au marché IGA deviendra matière à deux œuvres. Dans la première, le sac en papier sur lequel il est imprimé est encadré de retailles de noyer. Pour Mot, l’attrait de ce bois, déniché à Est-Nord-Est, réside dans la trace laissée par des vers qui l’ont rongé. Le support de présentation est ainsi fait sujet. Dans un second projet, le même énoncé dialogue avec un autre slogan du IGA : « On bouffe les prix ». L’artiste, à l’aide d’une machine analogique de vision qu’il construit, met en scène un prédateur et sa présumée victime. L’image du tigre qu’il s’approprie ici provient d’une marque irakienne de boisson énergisante et celle du lapin, d’une variété de bonbons chinois.   « Nourrir le rêve ». Pendant son séjour, Mot constate qu’une tache de lumière se déplace quotidiennement au sol puis sur le mur de son atelier, sa course traçant un arc parfait. Il applique sur la fenêtre des acétates colorés et des cartons découpés, dont les écrits et les formes sont projetés dans l’espace grâce au rayonnement. Son portrait, notamment, parcourt tous les jours le même trajet vers une immense frite, incarnée par une feuille en chêne blanc posée tout juste hors de portée, hors du rêve.