Dans sa pratique, Hannah Rowan s’intéresse à diverses entités qui évoluent dans l’eau, des gigantesques aux microscopiques, ainsi qu’aux conséquences générées par notre contact avec cet élément. Elle cherche à réfléchir aux relations entre nos corps et les environnements dans lesquels ils existent à travers une série de gestes liés au modelage, au coulage et à l’empreinte, à l’assemblage et au façonnage, à la collecte et à la représentation. Sa pratique s’inscrit dans les principes de l’écoféminisme; elle vise à déconstruire les hiérarchies liées à la présence humaine dans le monde naturel. Elle travaille avec une sensibilité profonde et particulière qui évite les dangers d’une extraction excessive : plutôt que de prélever directement des éléments du monde naturel et de les transposer tels quels dans ses installations, elle choisit de reproduire leur forme séduisante et instable grâce à un processus matériel.
Durant sa résidence, Rowan a produit une impressionnante quantité de céramiques destinées à être présentées en différentes configurations telles que dans un montage mural, de façon autoportante ou regroupées dans une installation. À l’aide de petits crochets de métal, elle a disposé des tentacules de pieuvre dans un arrangement qui rappelle les rayons du soleil ou une constellation. Elle a assemblé des coquillages et des algues en céramique bleu, vert, noir et brun qu’elle a enfilés avec des perles d’argile pour en faire de scintillantes colonnes suspendues. Si sa palette de couleur semble influencée par les nuances trouvées dans la nature, particulièrement celles observées sur les rives du fleuve à Saint-Jean-Port-Joli, elle évite cependant les pièges de la pure imitation en choisissant de réaliser de légères variations de tons qui mettent en lumière la fabrication de chaque objet. La plupart des œuvres peuvent être présentées telles quelles, mais certaines sont transformées en objets utilitaires : des tentacules deviennent un chandelier, ou encore des coquilles d’huitres se transforment en dispositif de présentation. Rowan établit ainsi un parallèle poignant entre la variété des formes que l’on trouve dans la nature et la façon dont elles se font l’écho des outils et des technologies que nous avons développés pour naviguer dans le monde.