Éditeur : Est-Nord-Est, résidence d'artistes
Lieu : Saint-Jean-Port-Joli
Année : 2024
Langue : Français / Anglais
Auteur·e : Marie Perrault

Artiste et auteur·e

Diane Morin
Diane Morin crée divers mécanismes simples et inusités où interviennent la matière et la lumière pour générer des micro-événements. On l’associe souvent aux artistes utilisant la technologie, mais son recours à celle-ci se démarque par une certaine fabrication artisanale d’objets et de formes, dont la mise en mouvement par des machines crée des effets visuels, sonores et cinétiques poétiques et inusités. Originaire de Saint-Joseph-de-Kamouraska, elle a grandi dans la région à proximité de Saint-Jean-Port-Joli. Lors de son séjour à Est-Nord-Est, elle vide la maison de sa grand-mère récemment décédée, avec son cousin. Elle y redécouvre des objets accumulés tout au long d’une vie, notamment du matériel et des accessoires de tisserande, ainsi qu’un personnage à peine dégrossi dans le bois. Bien que ce bric-à-brac fait resurgir de nombreux souvenirs, l’artiste s’en sert plutôt comme vocabulaire dans un processus exploratoire avec la matière, la lumière et le mouvement.

Elle moule en plâtre des balles de laine, des navettes et des bobines de fil qu’elle présente côte à côte dans une sorte d’inventaire. Elle coule en plusieurs exemplaires la petite figurine trouvée, figeant dans la matière liquide durcie le travail du bois à peine amorcé. S’ajoutent sur le plancher des photographies de métal fondu et figé, ou de plâtre durci, amalgame de diverses matières, témoignant de l’agentivité de la matière. Devant une fenêtre, une animation image par image met en mouvement des moulages de balles de laine. Un éclairage en contre-plongée projette au mur les silhouettes des personnages moulés, regroupés et animés par la lumière. Pour l’artiste, la photographie et la vidéo s’appuient sur une chaîne de microphénomènes matériels qu’oblitère souvent l’image. À ce titre, le travail de Diane Morin à Est-Nord-Est témoigne de son processus de création, de ses sources d’inspiration à ses modes de production, jusqu’à la mise en scène des objets qu’elle fabrique.

En transposant ici des objets ayant appartenu à sa grand-mère, elle assume une certaine filiation avec son travail artisanal, en dépit des différences de leurs savoir-faire respectifs. Dans un registre moins personnel, elle renvoie aussi par association à l’art traditionnel de la sculpture sur bois, pour lequel Saint-Jean-Port-Joli est reconnu, et à un art plus actuel.