Carolyne Scenna

2022
Éditeur : Est-Nord-Est, résidence d'artistes
Lieu : Saint-Jean-Port-Joli
Année : 2022
Langue : Français / Anglais
Auteur·e : Daniel Fiset

Artiste et auteur·e

Carolyne Scenna
Par son usage de plusieurs médiums, tels que la photographie, l’installation, le vidéo, la sculpture et l’impression, la pratique de Carolyne Scenna se fonde entre autres sur la capacité qu’a la matière à retenir ; ce dont elle s’imprègne, ce qu’elle est capable d’absorber tout comme ce qu’elle rejette, ce qu’elle laisse voir de manière temporaire ou permanente. Réutilisés, certaines surfaces et certains objets portent une sorte de mémoire matérielle qui permet à l’artiste de brouiller les contours entre la fin d’un projet et le début du suivant, et qui encourage une exploration continue. Profondément processuelle, la démarche de Scenna n’entend pas l’exposition comme finalité, mais plutôt comme l’une des modalités par laquelle la matière peut accumuler des traces et se déployer. La résidence à Est-Nord-Est aura donc été l’occasion pour l’artiste de venir réactiver un objet qui avait été central à une exposition précédente, soit une immense toile blanche qui recouvrait une plateforme placée au sol. Cette toile, qui a été marouflée sur la longueur du mur principal de l’atelier, propose un exercice perceptuel qui témoigne à la fois des traces passées de la pratique, en même temps qu’elle suppose un éventail de possibles. Remplie de petites taches, de micro-déversements et dégoulinures, de minuscules écorchures, et de petits plis sculpturaux causés par l’application de colle nécessaires au marouflage, la toile s’est ensuite vue recouverte d’autres pans de tissus effilés, aux couleurs neutres, parfois imperceptibles. Lors de la présentation publique qui souligne la fin de la résidence, la toile a été accompagnée d’un agencement de tuiles de béton rectangulaires placées au sol. Coulées dans l’atelier dans un cadre régulier, elles sont devenues des surfaces pour des exercices de composition avec divers pigments et matières. La toile, tout comme l’agencement de tuiles au sol, demande au visiteur une attention soutenue qui rappelle le travail aux limites du visible par l’artiste : une invitation à se laisser absorber par la matière.