Andes A. Beaulé

2024
Éditeur : Est-Nord-Est, résidence d'artistes
Lieu : Saint-Jean-Port-Joli
Année : 2024
Langue : Français / Anglais
Auteur·e : Marie Perrault

Artiste et auteur·e

Andes A. Beaulé
À partir des codes du livre, du design graphique, de l’estampe et du dessin abstrait qu’iel met en relation dans l’espace, Andes A. Beaulé explore les interstices, les marges et leur potentiel de transformation. Son travail érige ces espaces liminaires en lieux d’explorations et de découvertes, propices à des réinventions, beaucoup plus que strictement formelles.

Iel revisite ainsi le livre, autant comme artefact que comme support de pensée. Réitérant son souhait « Que les marges nous permettant de respirer soient larges, très larges »[1] , titre d’un récent livre d’artiste, iel déploie une installation comme une phrase sur le plancher, profitant ainsi du caractère allongé de l’espace de résidence à Est-Nord-Est. L’ensemble s’articule à partir d’ouvrages de référence ayant nourri sa recherche, d’objets trouvés ou fabriqués et de matériaux disposés librement et évoquant plus ou moins explicitement des schèmes associés au livre. Iel explore ainsi la page, la composition graphique, les bordures, les lignes, les lettrines, et les caractères, ainsi que les modes de présentation du livre, fermé, ouvert à plat ou déposé sur un lutrin. Des plaques de cuivre et d’acier de différents formats disposées au sol ponctuent l’installation et renvoient au processus d’impression.

Une série de dessins abstraits de grand format accompagne ces arrangements au sol et leur répond notamment par la couleur. Le format vertical des papiers, la composition très graphique des dessins et les marges laissées libres évoquent d’ailleurs un processus de mise en page. À ce recours à l’abstraction s’ajoutent toutefois la matérialité du papier et le motif, ce qu’ils révèlent et ce qu’ils cachent, autant en termes plastiques que dans un registre plus intime. Somme toute, l’ouverture au cœur du travail formel exploratoire d’Andes A. Beaulé s’affiche comme une « éthique » de vie. Elle témoigne de la liberté que se donne l’artiste de ne pas se conformer aux normes d’identité ou de genre. Elle invite à se réinventer et saisir les possibilités de transformation que comporte ce que l’on tient souvent pour acquis.

Dans ce contexte, l’abstraction agit ici comme métaphore du dévoilement et de la pudeur et incarne les sphères intimes et publiques où se jouent les questions ici soulevées.

[1] Beaulé, A. A. (2023). Que les marges nous permettant de respirer soient larges, très larges.