Shanie Tomassini, Vue d'atelier, 2022. Crédit photo: ENE / Jean-Sébastien Veilleux photographe.
Shanie Tomassini, Vue d'atelier, 2022. Crédit photo: ENE / Jean-Sébastien Veilleux photographe.

Shanie Tomassini

Artiste / Hiver 2022

Texte-témoin

Sensible aux processus de transformation, qu’il s’agisse de ceux des matériaux avec lesquels elle travaille ou de ceux qu’elle vit personnellement, Shanie Tomassini déploie une pratique de la sculpture et de l’installation. Ses projets les plus récents témoignent d’une quête d’harmonie qui lui a parfois valu d’être associée à une résurgence du New Age en art actuel. Elle-même ne rejette pas cette catégorisation qui concorde avec son mode de vie. Par exemple, l’encens et le tarot, que l’on retrouve dans les œuvres réalisées à Est-Nord-Est, s’inscrivaient déjà dans son quotidien avant qu’elle les importe dans l’atelier.

 

Grâce à une technique qu’elle a soigneusement développée, Tomassini peut mouler des particules de charbon, de cèdre, de romarin et d’autres essences végétales afin de créer des objets destinés à être consumés le feu. Les téléphones cellulaires et réveils qu’elle reproduit de la sorte portent ainsi une tension entre, d’une part, leur design industriel et, d’autre part, leur texture organique. Les socles qui les reçoivent participent également à ce contraste. Modelées intuitivement dans la terre, leurs intrigantes protubérances, où se décèlent parfois des visages, semblent nous inviter à les prendre dans nos mains. L’odeur de l’encens en train de brûler s’ajoute à l’expérience sensorielle des œuvres.

 

Un second corpus auquel Tomassini a travaillé pendant sa résidence comprend quatre grands bas-reliefs en bois (d’autres suivront). Ils représentent des figures marquantes d’un tirage de tarot réalisé par l’artiste alors qu’elle éprouvait un certain trouble intérieur. Moins qu’une tentative de prédire l’avenir, le temps passé à le lire et le sculpter favorise l’introspection. La fabrication à la main plutôt qu’à la machine, comme dans le cadre de projets antérieurs, permet par ailleurs l’utilisation d’une matière naturelle plus respectueuse de l’environnement. Ce processus de création s’inscrit dans une quête d’apaisement, mais tout n’y est pas serein : le diable s’est invité dans la pige. Les notions de seuil, de passage et de transition qui accompagnent l’artiste depuis quelques années s’expriment ici dans toute leur complexité. 

Biographie

Shanie Tomassini explore l’expérience renouvelable et cyclique d’objets, de lieux et d’idées. Elle réfléchit au sacré qui transperce le quotidien. Dans ses œuvres, elle analyse la nature d’un matériau ainsi que son évolution dans l’espace et le temps. Ses recherches se cristallisent autour d’une forme qui devient un motif d’émancipation poétique. 

Shanie détient une maîtrise en sculpture de l’Université du Texas à Austin (2019) où elle a reçu le prix UMLAUF et une bourse de recherche COFA. Elle a présenté son travail dans le cadre de plusieurs expositions individuelles, notamment au Centre Clark (Montréal), au musée UMLAUF (Austin) et à CIRCA art actuel (Montréal). Elle est boursière du Conseil des arts du Canada et du Conseil des arts et des lettres du Québec.