La voix est au cœur des recherches de Miyuki Inoue. Traitée dans sa complexité et ses nuances, elle devient un matériau modulable avec lequel l’artiste conçoit des sculptures sonores. Se déployant souvent sous la forme d’installations, celles-ci témoignent d’un intérêt marqué de l’artiste pour le potentiel de la voix, non seulement comme véhicule de langage, mais aussi comme outil d’émancipation de diktats sociaux (l’éducation de la voix, son formatage par le contexte social, les codes et les attentes collectives). Par sa démarche personnelle et en proposant des situations auxquelles le visiteur peut prendre part, elle explore les possibilités de déconstruire une forme imposée de la voix, le plus souvent internalisée inconsciemment.
Miyuki Inoue crée donc des dispositifs dans le but d’ouvrir des espaces où le visiteur peut libérer sa voix. Pour essayer de briser les barrières que l’on s’impose à soi-même, elle se sert de prétextes, par exemple, une invitation à imiter le son d’une cigale : les stations sculpturales d’enregistrement sont munies de casques d’écoute dans lesquels on peut entendre le chant de l’insecte pour ensuite tenter de le reproduire. Mais les comportements sociaux étant largement codifiés, l’artiste doit constamment expérimenter de nouveaux dispositifs pour créer les niveaux variables d’intimité nécessaires à l’exercice proposé. Cette approche permet par ailleurs d’observer la diversité des relations que l’on entretient avec sa propre voix dans l’espace public.
Tout au long de sa résidence, Miyuki Inoue a poursuivi ce projet en parallèle avec une exploration des espaces intérieurs et environnants d’Est-Nord-Est. En chantant in situ, elle a porté son attention sur les effets de ces lieux sur la réverbération, l’écho et la vibration du son vocal. Cette recherche performative constante dans son travail a résonné de façon particulière en coïncidence avec l’arrivée du centre d’artistes Est-Nord-Est dans son nouvel habitat.
Miyuki Inoue (née au Japon en 1984, vit à Amsterdam) est une artiste visuelle dont le travail se base sur sa propre voix ou sur une voix collective. Elle tente de trouver un espace propice à des approches libératrices et inhabituelles du travail vocal. Elle réalise des dessins, des sculptures, des installations performatives et des performances participatives.
Elle a étudié les arts plastiques à l’Université de Tsukuba et à Institut royal des arts en Suède. Après avoir travaillé sur des projets artistiques locaux et avoir exploré des formes d’expression liées à la voix/au son au Japon, elle a débuté une maitrise en voix à l’Institut Sandberg. Dans ses recherches, elle s’est intéressée aux appareils auditifs ainsi qu’aux formes historiques et contemporaines de l’amplification analogue et de la modification de la voix.
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