La représentation de l’action de la lumière au pastel sec — une matière opaque à l’opposé des effets réfléchissants — est pour Maude Corriveau un défi stimulant au fondement de sa pratique artistique. Au moyen d’une palette de couleurs qui reprend celle de l’iridescence, les hyperdessins de l’artiste montréalaise sont l’aboutissement d’un travail exécuté en amont dans une partie de son atelier qui sert de studio de photographie. En quête de phénomènes optiques et de trompe-l’œil, elle y confectionne des natures mortes à l’aide de matériaux sélectionnés pour leurs capacités réfléchissantes, dont des verres dichroïques, avec des sources de lumière naturelle et artificielle. L’artiste photographie les reflets éphémères, manipule les images à l’ordinateur puis les reproduit sur papier par juxtaposition de fines couches de pigments colorés.
À Est-Nord-Est, Corriveau se distancie du photoréalisme et de la géométrie caractéristiques de sa production antérieure de dessins afin d’expérimenter la création de compositions picturales inspirée des techniques du collage. Ainsi, elle sélectionne et rassemble divers extraits de textures, de formes et de couleurs provenant de ses photographies. Cette façon de faire crée des œuvres qui ouvrent vers des lieux surréels, entièrement imaginés par l’artiste, où flottent des entités abstraites.
L’artiste cherche également, lors de sa résidence, à transposer dans l’espace tridimensionnel de l’atelier l’univers de ses dessins. Corriveau développe ainsi, au cours de l’hiver, des méthodes pour mettre en relation ses œuvres papier avec des sculptures. Inspirée par le riche héritage de la région dans le domaine de la sculpture sur bois, elle travaille cette matière dure pour lui donner une esthétique molle, à commencer par la confection d’un cadre aux formes courbes et de socles aux faces arrondies. Ces éléments sculpturaux font écho aux motifs que l’on retrouve dans ses dessins aériens et renforcent les effets d’illusion. Ces avenues développées par Corriveau témoignent d’une réflexion artistique où les stratégies perceptuelles dépassent la surface du papier pour embrasser le potentiel de l’installation.
Maude Corriveau vit et travaille à Montréal. Elle est titulaire d’une maîtrise en arts visuels et médiatiques de l’UQAM (2019) et est récipiendaire de la bourse d’études supérieures en arts visuels Yvonne L. Bombardier. Par sa pratique de l’hyperdessin, elle interroge la valeur du savoir-faire et les différents modes de perception. Son travail a été présenté dans de nombreuses expositions à travers le Québec, notamment à la galerie Nicolas Robert (À l’absence du corps répond la présence de sa projection, 2019), au MAC LAU (Encan 2019), au MBAM (Vendu-Sold, 2018), à la Galerie B-312 (Pour l’art, 2018) et à ARTCH (2018), entre autres. Ses œuvres font partie de nombreuses collections privées au Canada.
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