En portant un regard critique sur des sujets d’actualité, Mathieu Gotti imagine des sculptures de bois qui appartiennent à un univers utopique que l’on peut situer dans un futur fantasmé. Il aborde des questions de nature sociale, principalement celles qui touchent l’environnement et la survie des espèces dans le contexte d’un monde en déclin. Ne souhaitant pas basculer dans un pessimisme qui minerait les efforts de contact entre le spectateur et l’œuvre, Gotti opte pour une esthétique ludique qui attire d’abord, pour ensuite laisser les enjeux sérieux faire surface. Tactique de séduction certes, mais qui atteint la cible ; les animaux représentés semblent adopter des comportements humains qui rappellent au spectateur l’impact de ses propres gestes. Cet anthropomorphisme est une stratégie qui l’amène à se questionner sur les traces qui perdureront dans la nature suite à son, bref, passage. Lors de son séjour à Est-Nord-Est, Gotti a d’ailleurs travaillé à des artéfacts (grenades, fusils, gants, cuillères) qu’il souhaite couler en aluminium, de manière à transformer ces objets en outils de réflexion autour de la survivance. De la même façon, les 14 caribous forestiers menacés d’extinction qu’il a sculptés en bois, doublant d’un coup leur population, marquent leur disparition imminente.
Gotti ne limite pas la présentation de ses œuvres aux expositions : lors de la résidence, il a déplacé certaines de ses sculptures à l’extérieur afin de les photographier dans un cadre naturel, suspendues à un support en aluminium de près de trois mètres. Selon le contexte, il s’amuse à rejouer avec la disposition et la combinaison de ses sculptures qui sont autonomes, qui peuvent recomposer de possibles scénarios de fin du monde. Cet aspect rejoint la volonté performative de Gotti qui fait du déplacement de ses œuvres massives un geste tout autant significatif que leur installation. Ces déplacements sont prétextes à la rencontre, à l’engagement d’un dialogue autour de la nature absurde de la scène car, dans sa démarche, ce contact est aussi important que l’œuvre présentée. Il souhaite aussi voir les spectateurs interagir avec les œuvres, et ce, même en contexte d’exposition, afin de favoriser une appropriation des enjeux abordés.
Originaire de France, Mathieu Gotti a étudié en littérature puis en art visuel à l’École des beaux-arts de Saint-Étienne (France). En 2006, il décide de venir vivre au Québec. Il entreprend alors des études en métier d’art, spécialisation sculpture, qu’il termine en 2009. Depuis, Mathieu Gotti a présenté ses oeuvres, au Musée de la civilisation, à Vrille Art Actuel Vrille, au Centre Culturel Franco-Manitobain, à Winnipeg. En 2020 on a pu voir ces derniers projets, au Centre d’exposition de Mont-Laurier et au Musée du bas saint Laurent.
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