Maddie McNeely, vue d'atelier, 2025. Crédit photo: ENE / Jean-Sébastien Veilleux photographe

Maddie McNeely

Artiste / Été 2025

Texte-témoin

En entrant dans l’espace soigneusement organisé de l’artiste Maddie McNeely, qui travaille en sculpture et en installation, nous tombons sur une intrigante sculpture au sol. Une géante noix coupée en deux est déposée sur 168 briquettes artisanales inégales. Sculptée dans du bois de noyer, sa taille est aussi déconcertante qu’invitante. En y regardant de plus près, on remarque des rubans roses aux bords irréguliers – qui rappellent les rubans de signalisation industriels – délicatement entrelacés aux briquettes, ainsi que des allumettes lustrées de taille réelle, une minuscule hache semblable à un jouet, des noyaux de pêche, des morceaux de céramique récupérés sur le rivage et bien d’autres détails incrustés. De la noix géante à la hache miniature, cette installation sculpturale joue avec différentes échelles tout en s’inspirant de la riche grammaire visuelle de la forêt.

Au mur de l’atelier de McNeely, on retrouve des structures de bois semblables à des bouliers, intercalées entre de fascinants œufs composés du même matériau. Une échelle molle est accrochée au plafond, elle est faite de cordes recouvertes de tissu pâle, tissé par McNeely, et de bois recyclé. Des œufs de tailles variables réapparaissent ici aussi, ils sont placés sur différents barreaux de l’échelle de sorte qu’on a l’impression de les interrompre au milieu de leur montée. Bien qu’il y ait une esthétique ludique, quelque chose de menaçant émerge du sillage de ces installations. Les allumettes nous rappellent la possibilité que les briquettes soient incendiées, soulignant l’imprévisibilité des feux de forêt ; la hache évoque les coupes à blanc industrielles ; les œufs sont un rappel de la précarité de la situation – nous « marchons sur des œufs » pour ainsi dire. À une époque où les feux de forêt sont de plus en plus communs et que les coupes à blanc sont moins bien réglementées, penser à et avec la forêt – et le riche écosystème qu’elle accueille – est maintenant plus pressant que jamais. Possédant une importante expérience de la reforestation et de la lutte aux feux de forêt, McNeely connaît bien les difficultés croissantes auxquelles sont confrontées les forêts canadiennes. Ainsi, les œuvres créées dans le cadre de cette résidence constituent une célébration profonde, quoique critique, de ces environnements.

Biographie

Maddie McNeely travaille dans le domaine de la sculpture et de l’installation. Sa pratique s’articule autour de la manière dont les objets avec lesquels nous vivons, les matériaux que nous utilisons et les espaces que nous occupons ont un impact sur le bien-être individuel et collectif. Travaillant avec le bois comme matériau principal, elle s’intéresse aux forêts en tant que lieu d’écologie profonde et d’industrie. Elle détient un baccalauréat en beaux-arts de l’Université NSCAD et est actuellement candidate à la maîtrise en sculpture à l’Université Concordia. Avec sa famille, elle partage son temps entre Montréal, Québec et l’Estrie, où elle apprend à cultiver des aliments et à devenir un arbre.