Expérimentation menée en résidence par Amanda Smith sur la rive du Saint-Laurent
Amanda Smith, Études sur la rive du Saint-Laurent, 2019. Photo:ENE/Jean-Sébastien Veilleux photographe

Amanda Smith

Artiste / Été 2019

Texte-témoin

Par la peinture et le travail du tissu, Amanda Smith s’intéresse aux notions de frontière, de territoire et de délimitation humaine du paysage. Ses compositions picturales en grille font écho aux techniques de courtepointe, qu’elle utilise également avec une grande liberté dans des pièces textiles. Dans cet aller-retour entre les deux médiums s’exprime la volonté de créer des espaces synthétiques qui évoquent une nature idéalisée.

Ces espaces, Amanda Smith les construit en mélangeant des fragments de photographies ou de tissus qu’elle a teints elle-même avec des motifs empruntés à l’industrie textile. Ceux-ci sont tantôt décoratifs et répliquent des formes inspirées des règnes végétal et animal, tantôt utilitaires (destinés au camouflage, par exemple). Dans ses œuvres, qu’elles soient cousues ou peintes, l’artiste juxtapose ces fragments de manière à brouiller leur provenance et à générer une tension entre le vrai et le faux, la réalité et ses représentations détournées.

Dans le cadre de sa résidence à Est-Nord-Est, Amanda Smith a expérimenté la possibilité de transposer la méthode du collage dans l’espace, de donner corps à ses œuvres en tant qu’objets. Elle a exploré la matérialité de ses courtepointes en les soumettant aux conditions climatiques du littoral, au bord du fleuve. Portant ses pièces à la manière d’un drapé, son corps devient un support, presque effacé par le mouvement du tissu capté dans les photographies documentant ses sorties. Les images ainsi créées agissent comme des collages dans l’espace, qui convoquent des parcelles de plusieurs lieux distincts. À l’instar des lignes qui sillonnent les cases de ses compositions, son intervention dans le paysage nous amène à réfléchir sur ce que signifient la découverte et la traversée de territoires réels et imaginés.

Biographie

Dans son travail récent, Amanda Smith s’intéresse aux formes du transfert, de la traduction et de la substitution en explorant des notions picturales situées hors des composantes traditionnelles propres à la discipline. En 2008, elle a débuté une série de courtepointes qui fait référence à l’une de ses peintures antérieures, celle-ci devenant un genre de pierre de Rosette pour la création d’un nouveau corpus. Ces œuvres tentent de concilier des espaces visuels en apparence incongrus et d’amalgamer des aspects de sa propre expérience qui semblent incompatibles. À travers ce processus, Smith a développé un sens personnel et intuitif de la couleur, de l’espace et de la vision. Les courtepointes voyagent bien à travers le temps car ces objets esthétiquement intéressants mais aussi confortables sont souvent passés de génération en génération. Dans ce contexte, elle pense à revisiter ces anciennes peintures à travers la courtepointe en créant des souvenirs rétrospectifs et ainsi remémorer des « vies passées ». Smith est détentrice d’une maitrise en arts visuels de l’Université de Nebraska-Lincoln et d’un baccalauréat de l’Université de Puget Sound à Tacoma, Washington. Son travail a été présenté dans des expositions et des conférences à l’échelle nationale et internationale à New York, Kansas City, Houston, Twin Cities, Miami, Seattle et au Chili. Elle a été une artiste invitée l’Université Temple de Rome en Italie et a fait des résidences à Fljótstunga en Islande, au Centre Kimmel Harding Nelson, au Pentaculum de Arrowmont, à Art 342 à Fort Collins et au Monson Arts dans le Maine. Elle est assistante professeure en peinture à l’Université d’état du Missouri.