Alexandre Bérubé conçoit sa pratique comme un processus de recherche qui se déploie d’un projet à l’autre. Il ne prétend pas trouver de réponses, mais plutôt lancer des pistes, puis tirer des ficelles. Il laisse des indices en suspens pour les reprendre plus loin et constater les liens tissés. Le fondement de ses recherches réside dans les concepts de traduction et d’écart entre l’intention et l’œuvre, entre l’attente et le résultat.
La notion de travail, de ses méthodes à ses objets fonctionnels, habite sa démarche. Dans le contexte de la résidence, il s’est intéressé au projet architectural d’Est-Nord-Est. En plus d’observer les nouveaux espaces et les façons d’habiter le bâti, il s’est penché sur les plans architecturaux et les différents documents préparatoires en portant une attention particulière à la manière dont les architectes et le comité d’immobilisation ont réfléchi à l’usage des lieux, à la division des espaces et aux rôles des usagers. À travers sa propre expérience des lieux, il a examiné les conceptions prédéterminées du rôle de l’artiste dans les espaces d’une résidence : comment et où l’artiste travaillera-t-il ? Quels seront les espaces de rencontre avec les visiteurs, occupants et autres artistes ? Et ceux dédiés à sa vie privée ? De quoi aura-t-il besoin ? Ce sont les intentions et le rôle des personnes qui ont planifié ces espaces, mais qui sont absentes une fois la construction réalisée, qu’il a analysés de son point de vue d’artiste en résidence.
Lors de son séjour, il a fabriqué deux tables basses qui prennent la forme de plans architecturaux, celui d’Est-Nord-Est et celui du bureau des architectes porteurs du projet. Si Bérubé s’intéresse à l’architecture, à l’urbanisme et à l’aménagement, son regard se porte plutôt vers des présences invisibles, celles des praticiens et des penseurs de ces disciplines qui émettent les intentions de départ quant aux fonctions et usages d’un espace, mais aussi à celle des usagers fictifs auxquels on a supposé des rôles et des attitudes. La pièce de mobilier devient un élément autoréférentiel sur le travail – le sien et celui des autres –, en plus de permettre la rencontre entre ces figures absentes.
Au cours de sa maîtrise en arts visuels à l’UQÀM, Alexandre Bérubé a mené une série de projets sur les objets mobiliers et la psychologie de leur aménagement, dont Fire Retardant Theater : présentation d’une table de travail (Petite galerie, Oeil de poisson, 2017), L’épreuve de la table de travail (SIGHTINGS, Galerie Leonard & Bina Ellen, 2018) et Figures, portes et passages (La marche est haute; Territoires, 2018). En y étudiant différentes manières de travailler sur des projets d’installation (artistique, intérieure, architecturale, urbanistique), il a cherché à saisir les particularités de pratiques, qui engagent un rapport de traduction entre des écrits (plans ou récits) et des objets.
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