Adrien Lefebvre est sensible aux paysages sonores qu’il habite, qu’il traverse, que ceux-ci soient naturels ou bâtis. Son intérêt pour la composition sonore se déploie grâce à divers dispositifs et formes, toujours avec une attention précise portée à l’architecture des sons, c’est-à-dire aux interrelations générées par leur coprésence. Il enregistre les sons entendus autant qu’il en produit – sa posture n’est donc pas celle d’une écoute passive ; il engage un réel dialogue avec l’environnement qui l’entoure, et ce, sans se limiter à un type de matériaux ou de phénomènes. Les sons captés sont pour la plupart retravaillés et recomposés afin de reprendre forme lors de performances ou dans le contexte d’une installation.
Durant son séjour, Lefebvre a récupéré plusieurs haut-parleurs hi-fi et les a déconstruits afin de créer une installation in situ qui est en dialogue non seulement avec l’espace physique de son atelier, mais également à l’environnement sonore du lieu. Au fil des jours, il a enregistré les sons d’Est-Nord-Est : les passages des gens dans le corridor, les artistes au travail, les gestes du quotidien. Il a fabriqué un cube à partir des éléments des caisses de son dans lequel les visiteurs peuvent insérer la tête pour se plonger dans une ambiance sonore recomposée. D’autres enceintes complètent l’installation et émettent les sons des espaces de vie, mais à l’échelle de son studio.
Ses recherches actuelles portent également sur des façons d’automatiser des instruments à vent pour composer un orchestre autonome de huit trompettes et cors. Il se penche sur un moyen de recréer le souffle humain, en reproduisant avec exactitude sa puissance et ses temps d’arrêt. Lefebvre travaille aussi avec de vieux objets augmentés de latex de manière à en capter les vibrations. Il enregistre les sons émis en les manipulant afin de créer une banque à réutiliser ultérieurement. Lefebvre transforme des éléments concrets en abstractions sonores, en travaillant autant avec la matière qu’avec son immatérialité il révèle certains possibles que peut générer leur rencontre tout autant que l’espace qui existe entre les choses.
Adrien Lefebvre travaille de manière fréquente d’après et pour le site sur lequel il intervient. Le lieu, son acoustique, les gens qui le traversent, sont autant de constituants essentiels à l’appréhension de ses œuvres. Le son est à la fois le médium et la matière de celles-ci. Révéler les qualités sonores des objets et des espaces n’est jamais guidé par la nostalgie mais bien par une intention de créer de l’étonnement. Tel un bricoleur, l’artiste collecte, assemble, démonte et remonte ce qui lui sert d’outils à expérimenter. Adrien Lefebvre vit et travaille en Normandie où il a étudié à l’École supérieure d’arts et médias de Caen / Cherbourg.
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